L’Énergie intrinsèque, aussi connue sous le nom d’énergie grise, réfère à la quantité d’énergie consommée pendant tout le cycle de vie d’un matériau ou d’un produit.

C’est donc l’énergie nécessaire pour récolter, extraire, fabriquer et transporter jusqu’au point d’utilisation d’un matériau ou d’un produit. Alors que dans un bâtiment l’énergie opérationnelle réfère à l’énergie consommée lors de la phase d’exploitation du bâtiment, l’énergie grise est en quelque sorte l’énergie cachée ou indirecte associée aux matériaux.

(Crédit : Adapté de Skanska [1])

Les travaux de Lessard [2], réalisés à la Chaire industrielle de recherche sur la construction écoresponsable en bois (CIRCERB) à l’Université Laval, ont démontré que, dans un contexte énergétique à faible empreinte environnementale, comme celui de l’hydroélectricité au Québec, les matériaux d’un bâtiment contribuent davantage à son impact environnemental que sa consommation d’énergie. Ainsi, pour réduire l’empreinte environnementale des bâtiments, il ne faut donc pas seulement se concentrer sur la phase d’exploitation du bâtiment, en travaillant à l’amélioration de son l’efficacité énergétique, mais on a aussi avantage à travailler à réduire son énergie grise, en optant pour des matériaux de construction à faible énergie intrinsèque. Lessard rapporte que, dans certains cas, l’amélioration de l’impact total du bâtiment par le choix de matériaux peut atteindre jusqu’à 50 %, et même plus encore. Tout dépend des configurations de matériaux évaluées, du type de bâtiment et du contexte énergétique dans lequel ce dernier se trouve [3].

Or, ce ne sont pas tous les matériaux qui ont la même énergie grise. À cet égard, le matériau bois se positionne très bien. Son caractère biosourcé en fait un matériau écologique par excellence.

Matière naturelle renouvelable, qui nécessite peu de transformation, une faible quantité d’énergie est nécessaire pour la production du bois, en comparaison à l’acier et au béton dont la fabrication est très énergivore.

(Crédit photo : Circerb)

En effet, le bois, un matériau qui nécessite une quantité minimale de transformation, a un faible niveau d’énergie intrinsèque par rapport à de nombreux autres matériaux utilisés dans la construction. Le soleil fournit l’énergie pour faire pousser les arbres à partir desquels nous produisons des produits en bois; les combustibles fossiles sont la principale source d’énergie pour la fabrication de l’acier et du béton. En outre, une grande partie de l’énergie consommée dans la fabrication des produits du bois en Amérique du Nord provient de la biomasse et est généralement produite à partir d’écorce d’arbre, de sciure de bois et de sous-produits de la pâte à papier dans les procédés de fabrication du papier [4]. Aux États-Unis par exemple, l’industrie des produits du bois est le principal producteur et consommateur de bioénergie du pays, couvrant environ 60 % de ses besoins énergétiques [5,6].

Agrandissement usine Art Massif, St-Jean-Port-Joli – (Crédit photo : Art Massif)
Firmes architectures : Art Massif et Marie-Hélène Nollet Architecte
Ingénierie : Art Massif
Fournisseur Structure : Art Massif

À l’échelle du bâtiment, des études ont permis de comparer l’impact environnemental de différents types de matériaux de structure. L’énergie intrinsèque d’un bâtiment à structure en bois est généralement plus faible que celle du béton et de l’acier, alors que leur consommation est similaire en matière d’énergie opérationnelle [7,8,9].

Une étude exhaustive a comparé les résultats de plusieurs études scientifiques qui ont porté sur la mesure de l’énergie intrinsèque de bâtiments résidentiels construits avec différents matériaux de construction. Dans l’ensemble des études consultées, les plages d’énergie intrinsèque des différents matériaux étaient les suivants: 0,9 à 16,3 GJ/m2 pour la brique, de 0,9 à 23,1 GJ/m2 pour le béton, de 0,9 à 19,2 GJ/m2 pour l’acier et de 0,9 à 6,6 GJ/m2 pour le bois. La limite maximale pour le bois est donc beaucoup plus basse que celles des autres matériaux, démontrant ainsi l’avantage du bois en matière d’énergie intrinsèque [6].

Enfin, matière première locale, naturelle, renouvelable et qui nécessite peu de transformation, le bois est sans aucun doute une alternative intéressante pour réduire l’empreinte écologique des bâtiments. Sa faible énergie intrinsèque en fait un élément clé dans la lutte contre les changements climatiques.

Stade Telus de l’Université Laval, Québec – (crédit photo: Faculté de foresterie, géographie et géomatique de l’Université Laval)
Firme architecture : ABCP et Coarchitecture
Firme ingénierie : BPR+ (structure/génie civil)
Fournisseur Structure : Nordic Structures
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